Dans La Descente à Lanka est brièvement décrite la voie de la culture de la sagesse :
Prenant appui sur la seule pensée
Il n’imagine pas d’objets extérieurs ;
Établi sur l’objet d’ainsité
Il dépassera la seule pensée ;
Ayant dépassé la seule pensée
Il la dépassera dans la non-apparence.
Le yogi qui demeure dans la non-apparence
Voit le grand véhicule,
L’état spontané d’apaisement.
Il est purifié par les prières
Et verra par la non-apparence
Le non-soi de la sublime sagesse fondamentale.
Voici le sens : tout d’abord le pratiquant doit examiner les phénomènes qui ont une forme que d’autres imaginent être des objets extérieurs – sont-ils distincts de la connaissance ou sont-ils la connaissance même apparaissant ainsi, comme à l’occasion des rêves ? Il dissèque les particules infimes extérieures à la conscience, et, quand il analyse individuellement leurs parties, le yogi ne perçoit pas les objets. Ne les voyant pas, il songe : « Prenant appui sur la seule pensée / Il n’imagine pas d’objets extérieurs ». De la sorte, la déclaration « Prenant appui sur la seule pensée / Il n’imagine pas d’objets extérieurs » signifie-t-elle qu’il abandonne les conceptions au regard des phénomènes matériels ? En effet, à l’investigation, ce qui est caractérisé comme perceptible n’est pas observé.
Ayant détruit les phénomènes avec forme, il détruira ceux qui n’ont pas de forme. Si ce qui est simple pensée n’est pas appréhendé, ce qui l’appréhende est inacceptable, car le connaissant dépend du connu. En conséquence, isolé du connaissant et du connu, l’esprit est simplement non duel. Après investigation il a la non-dualité pour caractère : « Établi sur l’objet d’ainsité / Il dépassera la seule pensée« . Ce qui veut dire qu’il dépassera tout à fait l’aspect du connaissant, c’est-à-dire qu’il s’établira dans une connaissance non duelle d’où est absente l’apparence duelle.
De cette façon, après le dépassement de la simple pensée il devra aussi dépasser la connaissance d’absence d’apparences duelles : puisqu’il est illogique que la naissance des choses se produise d’elle-même ou d’autres, connu et connaissant ne sont que mensongers. Il considérera que, étant donné qu’ils ne sont pas différents d’elles, ils ne sont pas réels, et il rejettera l’adhésion à l’existence réelle de la connaissance libre de dualité et devra se fixer sur la simple connaissance d’absence de dualité qui est connaissance non duelle. Tel est le sens.
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