– Si l’être animé n’existe pas,
Quel est l’objet de la compassion ?
– Celui qui, désigné [comme tel] par ignorance, est admis [comme tel] en vue du fruit.
Il ne fait aucun doute, chez celui qui ne s’est pas exercé à cet état absolument dépourvu de concepts, la compassion ne sera pas illimitée et parfaitement pure. Il en est ainsi dans le mode réel des choses. Toutefois, au niveau des apparences et en considérant que les êtres attachent un soi à leurs agrégats, l’inéluctabilité du plaisir et de la douleur est indiscutable. Si bien que c’est en vue du but à atteindre, ou dans l’intention de libérer tous les êtres animés en interrompant le flux de la douloureuse apparence onirique pour les amener dans la dimension absolue du nirvana sans demeure, que l’on jure de sauver les êtres. Ce n’est pas parce que les êtres dont on prend la responsabilité existent au niveau absolu, mais plutôt en vertu du concept de soi créé par la confusion mentale.
Ainsi, bien que le bodhisattva perçoive l’inexistence du soi, les objets de sa compassion sont tous les êtres qui n’ont pas cette connaissance directe et éprouvent de façon continue et en vain l’apparence de souffrance. Le bodhisattva ne désire pas son bien personnel et voit les autres souffrir absurdement. Alors, tout naturellement gagné par un état d’esprit dans lequel il préfère autrui à soi-même, il se sent capable de dissiper la souffrance des autres comme s’il les tirait d’un profond sommeil.
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